
Auteur: Pr. Mohammed IBRIZ
- Sécurité hydrique et développement durable
Sous l’effet du changement climatique, les problèmes de sécheresse et de la rareté des ressources hydriques vont s’accélérer au cours des prochaines années ce qui pousse notre pays à placer le secteur de l’eau au sommet de ses priorités.
Pour remédier à cette situation, le pays a adopté, dans la cadre du Plan de lutte contre les effets de la sècheresse, des mesures d’anticipation visant à garantir la disponibilité de l’eau potable, à soutenir les agriculteurs et à préserver le bétail.
L’examen de cette problématique par les autorités compétentes a abouti à l’élaboration du Programme National Prioritaire de l’Eau 2022-2027. Ce programme vise en particulier à achever la réalisation de barrages programmés, la mise en place d’interconnexion entre les bassins hydrauliques et la réalisation des stations de dessalement de l’eau de mer et de traitement des eaux usées.
Pour accompagner cette politique, l’Université Ibn Tofaïl contribue humblement à cette politique par son intervention dans un projet PRIMA (acronyme SAFE) qui vise l’utilisation des eaux usées traitées en agriculture.
En effet, l’atténuation de la pénurie d’eau et la réduction des coûts élevés d’exploitation et d’entretien des systèmes d’assainissement, l’utilisation de l’eau et le traitement des eaux usées doivent être abordés de manière efficace et abordable.
Cependant, cette démarche pose des problèmes d’introduction de micropolluants organiques, de teneur élevée en nutriments et de salinité des eaux usées dans le sol. Ainsi, la production agricole, la qualité des produits et la qualité du sol peuvent en souffrir. Par conséquent, l’amélioration de la qualité de l’eau d’irrigation améliorera la sécurité et la sécurité alimentaire, préservera la biodiversité et les micro-organismes du sol et augmentera le rendement des cultures des petits agriculteurs.
L’UIT à travers son projet SAFE relèvera ces défis en étudiant i) le traitement décentralisé des eaux usées basé sur des solutions naturelles (NBS), ii) l’évaluation de la réutilisation de l’eau pour l’irrigation des cultures, et son impact sur la production et la qualité des plantes, iii) la promotion de pratiques respectueuses de l’environnement comme la lutte antiparasitaire par biofertilisants tels que Trichoderma sp., et, iv) évaluation de la biodiversité locale et des co-bénéfices.
Le défi majeur est un besoin urgent d’aider les agriculteurs à augmenter les rendements grâce à une bonne qualité des effluents d’eaux usées pour l’irrigation, la gestion des sols et des ravageurs, l’accès à une meilleure qualité de plantes résistantes à la salinité et des pratiques agricoles améliorées.
- Valorisation du Phosphogypse pour une exploitation durable du secteur des agrumes au Maroc.
Les agrumes comptent parmi les principales filières du Plan Maroc Vert et jouent un rôle socio-économique important. Avec le changement climatique, la quantité des pluies reçue devient insuffisante. La salinité des eaux d’irrigation et du sol, malheureusement, menace la durabilité de ce secteur dans plusieurs régions du royaume. Le stress salin se traduit par une perturbation du développement de l’arbre, une apparition de symptômes sur les feuilles, ainsi qu’une augmentation de la sensibilité aux maladies et par conséquent une perte du rendement. L’application du gypse est une technique permettant d’améliorer la structure du sol et réduire la sévérité des symptômes dus à la salinité. Cette technique engendre des frais supplémentaires importants, réduisant ainsi la compétitivité sur les marchés internationaux.
Le phosphogypse, sous-produit de la production d’acide phosphorique très disponible au Maroc, peut constituer une alternative au gypse et pourrait contribuer à gérer la salinité, à faible coût, au niveau des vergers d’agrumes souffrant de salinité dans plusieurs régions agrumicoles du Maroc. Toutefois, l’utilisation du PG en agriculture pourrait engendrer la présence des impuretés, comme les métaux lourds et les éléments radioactifs originaires de la roche phosphate. De ce fait, il est primordial d’éliminer tout risque de contamination par les éléments traces qui risquent d’être transférés vers le fruit le rendant inconsommable et c’est pour cela que la bioremédiation est envisagée pour renforcer les applications du PG et minimiser la présence des éléments traces dans le milieu.
L’Université Ibn Tofaïl contribue à cette valorisation du Phosphogypse pour une exploitation durable du secteur des agrumes à travers un projet APRD (CNRST, OCP et UM6P) acronyme ‘‘Citrigyp’’.
Notre objectif global est d’étudier :
Dans un premier temps l’effet des amendements au phosphogypse sur la salinité du sol (ramener la salinité du sol au seuil toléré par les agrumes, le déplacement du sodium échangeable et son évacuation hors de la zone racinaire) ; la qualité et l’innocuité des fruits produits, et dans un second temps, trouver un moyen de bioremédiation pour éliminer les traces de contaminants résiduels issus de l’application de PG.